samedi 22 avril 2017
par  Francois Sauterey
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Les défis de la
république
Genre, territoires, citoyenneté
Sous la direction de
Bruno Perreau et Joan W. Scott
Presses de Sciences Po
2017

Sommaire

Bruno Perreau, Joan W. Scott
Transformer la république

Première partie : Le fratriarcat et les frontières de la citoyenneté

Éliane Viennot
De l’Ancien Régime au Nouveau : la masculinité au fondement de la modernité

Danièle Lochak
Faire bouger les frontières de la citoyenneté : un combat voué à l’échec ? Retour sur le droit de vote des résidents étrangers en France

Daniel Borrillo.
Mariage pour tous et homoparentalité : les péripéties du conservatisme de gauche

Seconde partie : Parité à tous les niveaux

Agnès Hubert
Du sommet d’Athènes à la révision de la Constitution : les dogmes de la République à l’épreuve de la démocratie paritaire en Europe

Sandra Ceciarini
Le mouvement pour l’égalité dans la vie locale

Jacqueline Heinen
La parité locale reste à faire

Janine Mossuz-Lavau
De la France au monde : la parité

Sophie Bessis
Parité, les tribulations maghrébines d’une condition de l’égalité

À l’approche des élections présidentielle et législatives de 2017 et dans un contexte où « l’urgence » est devenu un mot d’ordre, l’idée de changement occupe tout l’espace politique. Pour les uns, il faut changer de République par le haut : une nouvelle constitution est nécessaire. Pour les autres, il faut changer la République par la force de l’expérience citoyenne : de nouvelles formes d’expertise, de nouvelles modalités de participation s’imposent. Ces deux approches s’appuient toutefois sur les mêmes prémices : l’immobilisme serait le mal qui ronge la vie politique, et plus largement, la société française.

Ce livre examine la question du changement dans une toute autre perspective [1]. Autour de la question du genre ont en effet émergé de nouvelles façons d’agir collectivement, de penser les problèmes économiques et sociaux, d’articuler institutions locales, nationales et internationales, ou bien encore de définir la citoyenneté et le rapport au droit. C’est le cas de la parité, de l’action positive, des bureaux du temps, de l’inversion de la charge de la preuve en matière de discrimination, etc. Au regard de tous ces nouveaux dispositifs, il est possible d’affirmer que la République est déjà en pleine transformation.

Si ces transformations sont bien réelles, elles rencontrent toutefois une forte résistance idéologique. Parce qu’elles trouvent leur origine dans le travail critique que peuvent engager les femmes et les minorités, elles sont traitées comme des questions mineures dans le débat public et renvoyées à leur particularisme supposé. La rhétorique universaliste doit rester intacte : une bonne réforme est une réforme « pour tous », une réforme façonnée par une certain éthique de la discussion publique, seule garante d’une montée en généralité. Cette croyance en la force délibérative de la parole publique et du « commun », que cette force s’exerce dans une enceinte parlementaire, au sein d’un comité d’experts, lors d’un débat télévisé, via des réseaux sociaux ou sur une place publique, ne cache-t-elle pas une réalité plus brutale, celle de la domination des normes majoritaires dans et par le langage du changement ?

Les Défis de la république fait le pari inverse : explorer les transformations du droit qui s’élaborent tantôt en creux du débat public, tantôt en rupture avec celui-ci. Pour ce faire, nous avons choisi de prendre la trajectoire de Françoise Gaspard comme fil conducteur. Ce sont les multiples facettes de son expérience qui nous ont en effet conduit à interroger la mise en politique de la question des femmes et des minorités et plus particulièrement la façon dont, en France, cette question s’adosse aux concepts d’État, de Nation et de République. La trajectoire de Françoise Gaspard, à l’articulation de nombreux réseaux locaux, nationaux et internationaux, mais aussi politiques, militants et universitaires, donne à voir des transformations complexes qui remettent en question la dichotomie statu quo / changement. L’importance des femmes dans son travail résulte à la fois de son
attention, contre toute forme de naturalisme, à l’historicité des catégories de sexe et de sa connaissance du terrain politique où le traitement des femmes révèle toujours d’autres formes de domination, qu’il s’agisse des migrants, des minorités sexuelles, des malades, des musulmans, etc.


[1Nous remercions Claude Servan-Schreiber pour son travail de traduction et de relecture.


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